Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 10 mai 2016
Terrorisme

Lutte contre la radicalisation : l'État va organiser une rencontre nationale avec les maires

Quel rôle pour les maires dans la lutte contre la radicalisation ? Cette question, que de très nombreux élus se posent en particulier dans les quartiers les plus en difficulté, trouvera peut-être une réponse concrète en juin, lors d’une « journée de mobilisation et d’échange »  entre les collectivités et le gouvernement, qu’a annoncée hier le Premier ministre, et lors de laquelle il interviendra « personnellement ».
Le nouveau Comité interministériel pour la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) – la « radicalisation »  a été ajoutée aux missions de l’ex-CIPD par un décret du 6 mai dernier –s’est réuni hier. C’est en clôture de ce comité que Manuel Valls a dévoilé les grandes lignes du nouveau « PART »  (Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme). Ce plan, qui s’articule autour de sept axes, comprend pas moins de 80 mesures. Elles vont du combat militaire, sur le terrain, à la réorganisation des services de renseignement et à la « déradicalisation », en passant par la lutte dans les quartiers contre les phénomènes d’embrigadement dans les filières djihadistes.
Dans chaque région, et « avant la fin 2017 », va être ouvert un « centre de réinsertion et de citoyenneté », avec hébergement, dédié à la prise en charge des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Le premier centre sera ouvert « cet été ». À l’échelle départementale, « un protocole opérationnel »  sera proposé dans chaque département pour « accompagner les familles »  face au phénomène de radicalisation.
De façon plus générale, Manuel Valls a expliqué que « l’État souhaite nouer un partenariat beaucoup plus actif avec les collectivités territoriales », parce que « les maires et les conseils départementaux ne peuvent rester seuls ». De plus, « les services publics gérés par les collectivités ont un rôle fondamental à jouer dans la prise en charge de certaines personnes radicalisées ». Une cellule dédiée, au sein du CIPDR, va être créée avec la tâche exclusive de « coordonner et d’appuyer l’action territoriale des préfets et des collectivités ». Il va d’ailleurs être « proposé »  aux collectivités territoriales d’être représentées au sein du comité interministériel.
Dans le cadre d’une politique de prévention, le PART prévoit de davantage mobiliser le volet citoyenneté des PEdT (projets éducatifs de territoire) « pour développer une offre d’activités périscolaires dédiée au développement de l’esprit critique ». Un travail particulier sera également mené vis-à-vis des clubs et associations sportifs. Le contrôle sera renforcé, et l’agrément remis en cause « en cas de dérive avérée ».
À l’échelle des communes et des intercommunalités (mesures 46 à 49), le gouvernement souhaite que tout soit fait pour « contribuer à la détection et au signalement des situations de radicalisation ». Partout où existe un contrat de ville, il faudra y inscrire, avant la fin de cette année, « un plan d’action contre la radicalisation contractualisé entre l’État et la collectivité », en plus des trois volets habituels (cohésion sociale, cadre de vie et emploi). Les maires seront aussi invités à « développer un volet prévention de la radicalisation au sein des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance »  (CLSPD).
Enfin, pour « renforcer la mobilisation de tous les acteurs et faciliter les bonnes pratiques », le gouvernement va organiser en juin une « rencontre nationale des collectivités territoriales autour des enjeux de la lutte contre la radicalisation », à laquelle « les grands réseaux associatifs et les opérateurs de services publics »  seront invités à participer. Le Premier ministre a même précisé que cette rencontre se tiendrait « en marge du Congrès des maires ».
L'AMF, qui a reprogrammé pour son 99e Congrès l'atelier qu'elle prévoyait de consacrer dès l'an dernier à la prévention de la radicalisation (mercredi 1er juin à 9h30), travaille aussi depuis plusieurs mois sur une convention avec le ministère de l'Intérieur et celui de la Ville visant à définir la façon dont les maires seront associés à la mise en place de la politique nationale de prévention de la radicalisation. Un sujet évoqué par le président de l'AMF, François Baroin, avec le président de la République lors du Rassemblement des maires du 18 novembre dernier (lire Maire info du 19 novembre 2015). Cette convention sera signée le 18 mai prochain au ministère de l'Intérieur, annonce l'association. 
F.L.

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